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Le CPJ dénonce la censure et les attaques contre la
presse
(Communiqués 18/05/2005)
Au Président Faure Gnassingbé
S/c Ambassade de la République du Togo
2208 Massachusetts Avenue, NW
Washington D.C. 20008
Via facsimile: (202) 232-3190
Excellence:
Le Comité pour la Protection des Journalistes est grandement préoccupé
par le maintien des mesures de censure décidées par le gouvernement et les
attaques contre la presse privée depuis l'élection présidentielle du 24
avril dernier, à l'issue de laquelle vous avez été déclaré vainqueur. Des
journalistes sur place ont informé le CPJ de la suspension de plusieurs
lignes de téléphone ainsi que des perturbations constatées dans l'accès au
réseau Internet, rendant ainsi difficile la communication avec le reste du
monde pour informer de ce qui se passe.
Au moins trois stations de radio de la capitale, Lomé, ont été fermées
par les autorités, une quatrième a vu ses émetteurs brouillés alors que
deux autres ont été pillées et incendiées lors des émeutes ayant suivi
l'élection. Par ailleurs, la retransmission sur la bande FM de Radio
France Internationale a été interrompue au lendemain de la présidentielle,
et n'a jamais été rétablie, ont confirmé des sources à RFI.
Selon des sources du CPJ, la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la
Communication (HAAC), a décidé de la suspension de Radio Maria, une
station catholique basée à Lomé ainsi que de Radio Nostalgie, une radio
privée, pour une période d'un mois, à compter du 25 avril.
Les mesures de suspension ont été justifiées par la diffusion d'une
information selon laquelle le gouvernement aurait imposé un couvre-feu sur
l'ensemble de la ville de Lomé. Faustin Yigbe, le directeur de Radio
Maria, a confié au CPJ qu'il a ultérieurement rectifié cette nouvelle à
l'antenne, précisant que la station avait reçu une information erronée.
Lors d'une conférence de presse, consécutive à la décision de fermeture,
le ministre de la Communication, Pitang Tchalla, a invoqué les risques de
panique que pouvait engendrer l'annonce d'un couvre-feu, selon Yigbe.
La HAAC a aussi suspendu Kanal FM, basée à Lomé, pour une durée d'un
mois, à compter du 20 avril, après la diffusion par la station d'un
éditorial qui critiquait sévèrement la manière dont votre parti, le RPT,
menait sa campagne. La HAAC avait qualifié cet éditorial de « tendancieux,
diffamatoire et injurieux».
La radio privée, Nana FM, également basée à Lomé, a arrêté ses
émissions le 26 avril après avoir reçu des menaces, selon des sources à la
station. Lorsque Nana FM a repris ses émissions, c'était pour constater
que son signal était brouillé. Peter Dogbe, le directeur de la radio, a
déclaré au CPJ qu'il a, de manière formelle, introduit une plainte devant
l'autorité de régulation des télécommunications du Togo, et que celle-ci a
ouvert une enquête sur l'origine des interférences.
Le 25 avril, Radio Lumière, basée dans la ville côtière d'Aného (sud),
était pillée et incendiée lors de violentes émeutes. Le même jour, Radio
la Paix, basée dans la localité d'Atakpamé (centre), était aussi pillée et
incendiée. Le CPJ n'a pas pu confirmer les responsables de ses attaques,
qui méritent des enquêtes approfondies. Le CPJ demande à Votre Excellence
de veiller à ce que leurs auteurs soient traduits en justice.
De plus, le CPJ est consterné par les déclarations publiques faites par
des membres de votre gouvernement, dont le ministre des Affaires
étrangères, Kokou Tozoun, qui a accusé la presse étrangère d'être
responsable de la violence post-électorale meurtrière. Plusieurs
journalistes étrangers qui étaient au Togo pour couvrir l'élection et la
période qui l'a suivie, ont affirmé au CPJ que la déclaration du ministre
constituait une menace pour leur sécurité.
Le CPJ demande avec insistance à Votre Excellence de prendre toutes les
mesures nécessaires afin que la suspension qui frappe Radio Maria, Radio
Nostalgie et Kanal FM soit levée, et que toutes les stations de radio au
Togo aient la liberté de couvrir et de commenter les évènements, sans
crainte de représailles gouvernementales.
En tant qu'organisation mue par la défense des droits de nos confrères
et consoeurs à travers le monde, le CPJ en appelle à vous, Excellence,
pour que vous preniez publiquement l'engagement de garantir la liberté de
la presse au Togo. Les journalistes ont le droit d'informer sur tous les
problèmes d'intérêt public, et plus particulièrement pendant cette phase
cruciale de transition politique.
Nous vous remercions, Excellence, de l'urgente attention que vous
voudrez bien porter à ces questions, et restons dans l'attente de la suite
que vous voudrez donner à la présente.
Sincères salutations
Ann Cooper
Directrice Exécutive
Le 16 mai, 2005
CC:
-
Son Excellence,
Akoussoulelou Bodjona, Ambassadeur du Togo aux Etats-Unis
-
Son Excellence, Alpha Oumar
Konaré, Président de la Commission de l'Union Africaine
-
Media Foundation for West
Africa
-
American Society of
Newspaper Editors
-
Amnesty International
-
Article 19 (Royaume Uni)
-
Artikel 19 (Pays Bas)
-
Canadian Journalists for
Free Expression
-
Freedom Forum
-
Freedom House
-
Human Rights Watch
-
Index on Censorship
-
International Center for
Journalists
-
Fédération internationale
des Journalistes
-
PEN international
-
International Press
Institute
-
Michael G. Kozak,
Sous-secrétaire d'Etat pour la démocratie, les droits de l'homme et le
travail des Etats Unis d'Amérique
-
The Newspaper Guild
-
The North American
Broadcasters Association
-
Overseas Press Club
-
Reporters Sans Frontières
-
The Society of Professional
Journalists
-
World Association of
Newspapers
-
World Press Freedom
Committee
==
Alexis Arieff
Committee to Protect Journalists
aarieff@cpj.org
phone: 1-212-300-9004
fax: 1-212-465-9568
http://www.cpj.org
COMMITTEE TO PROTECT JOURNALISTS
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